License professionnelle MTL de l'Université de a Rochelle
28 février 2023
L’exercice fusionne deux méthodes pédagogiques de Paul Virilio : le triptyque mauvais-bon-au-delà et la conception par image mentale qui sera appliquée à la troisième partie du triptyque : le projet allant au-delà.
Les étudiants de la licence LP3 de l’université de La Rochelle ont dû accepter de perdre momentanément le contrôle de leur pensée pour laisser agir leur inconscient et voir s’élaborer dans leur esprit ses images mentales. Pour cela, il leur est proposé de réfléchir à un centre d’interprétation du changement climatique à La Rochelle en 2073. Ce qui était attendu : un programme, une première formalisation, mais surtout une vision.
Commençons par un premier exercice collectif d’image mentale (ce n’est pas de l’hypnose, rassurons-nous) où les étudiants ont recomposé mentalement le trajet de la sortie d’un train, en passant par la gare et le parc, puis en passant devant l’espace Encan et en empruntant la passerelle de bois au dessus du bassin jusqu’à l’université. Plusieurs étudiantes indiquent avoir vu des images très clairement.
Ensuite les étudiants ont travaillé à leur manière, mais individuellement, leur mauvais projet. Ce mauvais projet est souvent très amusant. Les étudiantes (il n’y a que deux garçons) ont imaginé des lieux énergivores, polluants, un bassin pour observer des espaces animales disparues, des simulateurs ludiques de catastrophes, et même un vaisseau alien s’écrasant dans l’océan pour apprendre à l’espèce humaine à vivre sous l’eau et s’adapter à de nouvelles conditions aquatiques.
Ensuite, les étudiants ont pensé par groupe de trois un bon projet qui a été restitué collectivement. Là, ce sont les vertus d’aujourd’hui qui ont été mises en avant : un lieu écoresponsable et autonome, inclusif avec une microferme pour rendre les visiteurs responsables de leur avenir. Mais aussi un tunnel temporel avec une frise temporelle permettrait de revivre les climats antérieurs. Un bâtiment autosuffisant dont le prix du billet permet de planter des arbres, avec des ateliers de médiation zéro déchet, ou culinaire (en cuisinant des algues ou en mangeant les murs végétaux), avec le recyclage des vélos Yellow pour produire l’énergie nécessaire. Il pourrait aussi s’agir d’un bâtiment avec un système de flottaison en cas de forte marée, doté d’une salle en immersion totale pour vivre les climats à venir. Vidéos assez courtes et personnel très bien formé pour sensibiliser et agir. Boutique avec des produits locaux, sans surconsommation.
Un groupe a même imaginé l’existence de puce dans le bras pour calculer l’empreinte carbone de chacun. Le centre d’interprétation permettrait alors de montrer ce que serait le monde si tout le monde avait votre empreinte carbone. Et puis, la suite de l’histoire alien avec un monde entier recréé sous la mer grâce à la technologie venue des étoiles. La Rochelle devenue Atlantis sera un lieu très touristique et dans le centre d’interprétation où des pilules permettraient de vivre des expériences plus durables.
Au-delà
Un nouvel exercice collectif d’image mentale à renvoyer les étudiants à une construction connue dans leur enfance. Puis ce fut le travail par groupe sur le projet au-delà : un étudiant avait les yeux bandés, un autre posait des questions tandis qu’un troisième écrivait le synopsis développé.
Dans un des projets vus en image mentale, l’espace Encan était ruiné, il faisait très chaud dehors. L’entrée très haute nécessitait d’être escaladé. Mais l’intérieur était très différent, avec du sable au sol et du vent artificiel, un décor de rêve, mais aussi un lac artificiel avec des poissons morts, une ambiance d’apocalypse faite pour faire prendre conscience de la surpêche. Un autre se réappropriait l’espace Encan avec pour seule modification un triangle en métal à l’entrée. Une fois passé le rideau avec une fente, le visiteur se retrouvait au milieu d’aquarium, puis la seconde salle était consacrée à une sorte d’archéologie de la pollution, enfin une troisième salle possédant des écrans montrant les ravages faits sur l’Antarctique. Un autre projet faisait disparaître les bâtiments existants au profit d’un bâtiment sur pilotis surplombant l’université submergée. Dans la première salle, il faisait très chaud avec des explications sur le climat actuel. La salle suivante montrait une forêt tropicale dépeuplée par le braconnage, une autre des villes submergées, une autre encore avec des ours morts sur une banquise et enfin une salle d’interprétation pour savoir comment échapper à tout cela. Un dernier ressemblait à une cabane de pêcheur dans laquelle on entre par une échelle de meunier avec des photographies anciennes aux murs et une carte interactive au centre de la pièce.
Mais les scénarios sont parfois plus surprenants comme cette entrée en forme de mangrove naturelle avec un ascenseur aquatique plongeant dans l’eau. Puis différentes visions de l’environnement maritime et un scénario apocalyptique duquel on peut s’échapper par un toboggan qui ramène à la surface. Mais aussi un dôme, un miroir, des simulations de sensation par une réalité virtuelle sans casque pour sentir la mer, la jungle, les glaciers.
Enfin, sous l’eau, un centre d’interprétation comme une sphère colorée, un sol brillant, des lustres qui flottent et un hologramme de la terre qui explique ce qui s’est passé ainsi que l’avenir.
L'exercice d'images mentales a permis d'aller au-delà des préjugés et d'incarner une vision par des sensations très précises liées au toucher, à la vue ou encore à l'audition.
Merci aux étudiantes et étudiants de s'être livré à l'exercice !
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